A ce jour, Sukarma concentre son travail principalement sur la montagne de « Panchase » avec les familles et communautés vivant dans les villages dispersés de cette vallée. Basé à 2500 mètres d’altitude, Panchase se situe à 250 km de Katmandou à vol d’oiseau, au pied de la chaîne de l’Annapurna avec ses nombreux sommets s’élevant jusqu’à 8000 mètres d’altitude. Il faut normalement deux jours, deux bus et parfois quelques heures de marche pour s’y rendre, en fonction de la météo et de l’état de la route.
Alors que le sommet de la montagne est relié par des sentiers de randonnée et de pèlerinage, les villages environnants sont souvent contournés et n’ont malheureusement pas pu compter sur le marché précieux du tourisme qui est le deuxième générateur de revenus dans l’économie du Népal. Le premier générateur de revenus du pays se trouve être les fonds envoyés par les membres des familles expatriés et travaillant à l’étranger. Comme 90 % des Népalais, les habitants de ces villages sont des agriculteurs et ont très peu de possibilités de gagner de l’argent dans la région, en dehors de petites activités génératrices de revenus, telles que la fabrication de paniers et d’alcool. De plus, l’accès à l’éducation est très limité.
Pour cette raison, d’innombrables Népalais décident de partir travailler en Inde et au Moyen-Orient, de ce fait quittant leurs familles pour de longues années. Une fois à l’étranger, beaucoup d’entre eux se font confisquer leurs passeports et sont soumis à l’esclavage moderne dans des conditions de travail forcé. Par exemple la prostitution, le service comme domestique de maison, le travail sur les chantiers, etc. Le salaire moyen est alors de 200 dollars par mois. De nombreux villageois commencent à entrevoir les risques liés à ce choix, mais ils restent limités par leur éducation et leurs qualifications et n’ont malheureusement pas d’autre solution pour subvenir aux besoins de leur famille.
En 2013, un rapport du ministère de l’Éducation a souligné que l’école publique locale, qui éduque les enfants de la communauté de « Panchase », était la deuxième école la moins performante sur les trois cents que compte le district. En raison d’un manque de ressources et d’investissements, les écoles publiques sont connues au Népal pour fournir une éducation médiocre. Ainsi, de nombreux parents ne voient pas l’intérêt d’envoyer leurs enfants s’asseoir dans une salle de classe, alors qu’ils pourraient aider aux travaux des champs et de la maison. Certains enfants qui gagnent des bourses ou qui ont des familles plus aisées ont tendance à migrer vers la ville de Pokhara pour aller dans des écoles privées, ce qui finit par vider les villages de leurs habitants et de leurs forces vives.
« Sukarma France » reconnaît la force du réseau familial dans ce pays et travaille avec la communauté pour améliorer l’accès local à l’éducation et les possibilités d’emploi afin que les familles restent ensemble. Pour contribuer au développement d’une communauté plus instruite et plus stable financièrement, nous créons des projets tels que l’emploi d’une bibliothécaire, l’installation d’un laboratoire informatique, la formation professionnelle, le financement de prêts aux petites entreprises et des programmes de prévention de la traite des humains. Grace à ces projets et plutôt que d’investir leur intelligence, leur énergie, leur temps et de nombreuses ressources dans d’autres pays beaucoup plus riches du monde, les habitants de ces communautés peuvent commencer à construire une base économique pour eux-mêmes et pour les générations futures, tout en restant chez eux au Népal, avec leurs familles.